Une mobilisation citoyenne inédite
Le 2 septembre 2025, Canopea et une quarantaine d’organisations partenaires ont remis au ministre fédéral de l’Environnement, Jean-Luc Crucke, les résultats d’une pétition exigeant l’interdiction des PFAS à la source. Cette campagne a récolté 27 686 signatures, dont 17 700 du côté francophone. Un signal fort qui montre à quel point les citoyens veulent des mesures rapides et ambitieuses.
Pour marquer les esprits, deux cadeaux symboliques ont été remis au ministre : un flacon contenant quelques microbilles représentant les PFAS déjà surveillés dans l’eau, le sol, l’alimentation et le sang, ainsi qu’une « bouteille à la mer »contenant 10 000 microbilles, pour rappeler le nombre de molécules PFAS mises sur le marché, encore sans restriction ni analyse.
Pourquoi agir maintenant ?
Les PFAS, présents dans l’eau, l’air, le sol et l’alimentation, contaminent 95 % de la population wallonne selon le biomonitoring régional. Utilisés dans de nombreux produits (mousses anti-incendie, pesticides, textiles, cosmétiques…), ils sont persistants et bioaccumulables, ce qui signifie qu’ils s’accumulent dans nos corps et provoquent des effets graves sur la santé (cancers, maladies thyroïdiennes, perturbations endocriniennes et immunitaires, etc.). Chaque année, les entreprises belges utilisent encore 8 330 tonnes de PFAS. Une partie se retrouve inévitablement dans l’environnement, aggravant la contamination.
Un contexte politique en mouvement
La Wallonie a déjà adopté des normes de potabilité plus strictes que celles de l’Europe. Mais au niveau européen, la restriction universelle sur les PFAS ne pourrait entrer en vigueur qu’en… 2034. Attendre neuf ans est impensable face à l’urgence sanitaire et environnementale.
Canopea rappelle que des alternatives existent déjà pour de nombreux secteurs. Des propositions de loi dorment sur les bancs du Parlement belge pour interdire les 10 000 molécules PFAS dans les produits de consommation. Il ne manque que la volonté politique.
Recommandations fortes de Canopea
Dans son rapport PFAS – état des lieux et recommandations Canopea souligne l’urgence d’une action ferme : interdire à la source la production et l’utilisation de ces substances toxiques, appliquer réellement le principe pollueur-payeur (par exemple au travers d’une redevance de 100 € pour 100 g de PFAS rejetés dans l’eau), et éviter de répéter l’erreur de l’amiante, dont il a fallu un siècle pour reconnaître et interdire la dangerosité. L’organisation appelle enfin la Belgique à agir dès maintenant, sans attendre l’Europe, afin de ne pas rester « dans la salle d’attente » alors que la contamination s’aggrave chaque jour.
Et maintenant ?
Le ministre Crucke s’est dit prêt à mettre en place des actions fortes. Reste à voir si cet engagement se traduira en mesures concrètes. En attendant, Canopea et ses partenaires (dont les Amis de la Terre font partie), avec l’appui des milliers de citoyens signataires, continueront à maintenir la pression pour protéger notre santé et notre environnement.
Pour aller plus loin
Découvrez également la campagne de l’asbl The Bridge « Soyons plus nombreux que les PFAS » qui a pour objectif d’informer la population et d’inciter les autorités publiques à prendre des décisions sur ces sujets et à placer des normes et des limites à l’utilisation et au rejet de ces polluants éternels.
Crédit photo : Sophie Bernard photography

