Canopea et le Réseau Idée viennent de rappeler, au cours d’une action symbolique menée lors de la rentrée du Parlement Bruxellois, que les politiques publiques et les budgets qui y sont consacrés doivent être à la hauteur de l’importance et l’urgence des enjeux environnementaux. Les associations actives en environnement méritent un soutien stable, indispensable à une transition de notre société vers un avenir durable.
Alors que les enjeux environnementaux touchent à la fois notre santé, notre économie, notre sécurité alimentaire et notre qualité de vie, les choix budgétaires de nos gouvernements restent largement incohérents. Les investissements dans la protection de la nature, du climat ou de la qualité de l’air restent insuffisants, tandis que des secteurs polluants continuent de bénéficier d’un soutien public important. Pourtant, investir dans l’environnement, c’est aussi investir dans notre avenir collectif : chaque action de protection prévient des coûts bien plus lourds à long terme — qu’il s’agisse de catastrophes naturelles, de crises sanitaires ou de pertes économiques. Sous-financer l’environnement, c’est un mauvais calcul.
« Il est temps d’aligner les priorités budgétaires wallonnes et bruxelloises avec ces enjeux vitaux pour la population » demandent les associations actives dans le secteur.
Les associations environnementales ont rappelé, par cette action symbolique, qu’elles doivent jongler quotidiennement pour affronter deux urgences :
• L’urgence environnementale que les dérèglements climatiques et la détérioration de la biodiversité ne cessent de nous rappeler concrètement et qui les mobilise au quotidien sur de multiples fronts (sensibilisation, accompagnement des citoyen·nes, création de solutions robustes, plaidoyer auprès des autorités politiques, du monde de l’entreprise, etc.)
• L’urgence financière qui menace l’emploi et leur survie économique tant à Bruxelles qu’en Wallonie et les empêche de se concentrer sur leurs nombreuses missions.
« Cette précarité constante est épuisante » souligne Pauline Modrie, Directrice générale de Canopea. « Nos associations font pourtant un travail impactant : elles forment les citoyen·nes, accompagnent les entreprises, interpellent les politiques, protègent la biodiversité, expérimentent des solutions locales… Nous méritons une stabilité financière qui nous permette de nous concentrer sur notre mission : évoluer vers une société respectueuse de l’environnement et de ses habitants, une société plus juste et solidaire« .
Des budgets régionaux qui investissent dans l’environnement
Aujourd’hui, la viabilité des associations environnementales est fragilisée par les politiques d’austérité mises en place par les gouvernements régionaux. « Comme une grande part du secteur non-marchand, nos associations sont visées par des diminutions de subsides, considérés par certains ministres comme « facultatifs », même lorsqu’ils finançaient des projets indispensables pour les citoyens et la qualité de leur environnement, et qu’ils avaient prouvé leur efficacité » précise Christophe Dubois, Directeur général du Réseau IDée.
A Bruxelles, en l’absence de gouvernement de plein exercice, une association environnementale sur deux a déjà dû licencier, une sur trois a opéré des réductions du temps de travail, 60% craignent pour leur survie à court terme.
En Wallonie, les restrictions budgétaires et les incertitudes liées à la pérennisation des moyens financiers, notamment en matière de biodiversité, de climat et de développement durable, inquiètent fortement 42% des associations qui travaillent sur ces enjeux.
Et les deux responsables des fédérations francophones des associations environnementales de synthétiser : « pour arrêter l’hémorragie et lever les incertitudes qui gangrènent le secteur, nos associations demandent une seule chose : des moyens et des budgets régionaux 2026 à la hauteur des enjeux environnementaux« .
Quelques chiffres
- En Wallonie et à Bruxelles, les associations d’éducation à l’environnement emploient près de 1000 personnes (+ des milliers de bénévoles), qui sensibilisent plus de 700.000 enfants et adultes par an (cf. Etat des lieux 2022). Chaque année, elles versent près de 1,5 millions d’euros dans les caisses de l’Etat sous forme de cotisations sociales (sans parler des impôts payés par les travailleurs)
- Un euro investi dans la nature belge rapporte jusqu’à 51 euros (étude VITO et ULiège, 2025)
- Seulement 1/5000e du budget régional bruxellois est alloué à l’éducation à l’environnement (1/3000 en Wallonie). Avec l’argent consacré à la rénovation du tunnel Annie Cordy (500 millions), on pourrait financer nos actions éducatives dans la capitale durant 250 ans !
- Les coûts des mesures de protection du climat sont déjà six fois moins importants que ceux de l’inaction pour limiter le réchauffement climatique à 2°C (étude publiée dans Nature, 2024) .
- …évidemment, l’apport des associations environnementales ne peut être réduit aux économies réalisées ou au nombre d’élèves touchés par euro investi. Ce qui compte ne se compte pas toujours.


























Crédit photo : Sophie Bernard Photography Sophie Bernard Photography

