[Série] Portraits de simplicitaires – novembre

Dans le cadre du 20ème anniversaire de la simplicité volontaire au sein des Amis de la Terre, nous vous proposons une série inédite : des portraits de simplicitaires qui révèlent la richesse et la diversité des parcours vers la simplicité volontaire. Parce que parler de simplicité volontaire, c’est avant tout parler de vécu, ces portraits donnent la parole à celles et ceux qui ont choisi de vivre autrement. De 22 à 78 ans, familles ou célibataires, motivé·es par l’écologie ou le bien-être, ces témoignages prouvent qu’il existe mille façons d’incarner cet art de vivre pleinement et sereinement.

Portrait 6 – Muriel, la révélation par la perte

La perte d’un emploi a été le déclic qui a amené Muriel à remettre sa vie en question. « La simplicité volontaire vient à nous naturellement lorsqu’on éprouve un inconfort ou un malaise », témoigne-t-elle depuis Fosses-la-Ville. Ce boulevement professionnel l’a conduite à questionner ses priorités et à opérer des choix radicaux dans son mode de vie.

Sa démarche consiste à « enlever ceci pour le remplacer par cela ». Ce qu’elle soustrait correspond aux injonctions du système économique dominant, tandis que ce qu’elle met à la place reflète ses « je veux » et « je voudrais » les plus profonds, en écho avec son être intérieur. Cette philosophie du remplacement conscient guide désormais tous ses choix de vie.

Muriel a trouvé dans la simplicité volontaire un bonheur qu’elle qualifie de « que du bonheur ! ». Elle porte la conviction que si nous sommes plus nombreux à vivre simplement, « nous permettons à de nombreux autres de tout simplement vivre. C’est une question de partage du gâteau. » Sa transformation personnelle s’inscrit dans une vision solidaire et équitable du monde.

Portrait 7 – Baya, l’empouvoirement par la contrainte

La séparation avec le père de ses enfants a propulsé Baya dans la simplicité volontaire sans qu’elle le sache. Devenue maman solo au chômage dans un quartier plus populaire, elle s’est retrouvée contrainte de repenser tous ses trajets, sa consommation, son mode de vie. « Ce changement de lieu a fait que j’ai laissé tomber la voiture, j’ai dû repenser tous les trajets autour de mon appartement », raconte-t-elle.

Cette période difficile lui a révélé que « sous la contrainte, on est créatif, on n’a plus le choix. » Elle découvre notamment la joie de créer avec ses enfants, comme cette boîte de blagues confectionnée pour son père qui l’a rendu « tellement heureux ». Parallèlement, de nouveaux liens se tissent avec ses voisines, créant une solidarité inattendue : « Il y avait quelque chose de nouveau que je ne trouve que dans le couple. »

La découverte du terme « simplicité volontaire » aux Amis de la Terre a été libératrice pour Baya. Soudain, son histoire « de quelque chose d’assez looser » devenait « quelque chose de super positif ». Elle était enfin alignée avec ses valeurs. Pour elle, l’empouvoirement réside dans cette capacité à « se réapproprier son histoire », transformant une situation subie en choix conscient et valorisant, soutenu par une communauté bienveillante.

Portrait 8 – Philippe, la renaissance familiale

« Avec une famille, mon boulot et tout, je n’ai pas le temps… » Cette phrase, Philippe l’a longtemps répétée avant de découvrir que c’était exactement sa situation qui nécessitait de repenser ses priorités. Père de trois adolescentes, propriétaire d’un commerce, il s’est senti pris dans l’engrenage du « tout remettre en question et larguer du jour au lendemain » face à l’accumulation des contraintes.

La découverte du groupe de simplicité volontaire des Amis de la Terre a marqué un tournant. Dans cette ambiance conviviale de rencontres mensuelles, il a appris à « changer nos perceptions des choses, désencombrer nos vies et nos esprits de tout ce superflu ». Loin d’être un sacrifice, cette démarche collective lui a apporté un ressourcement par les échanges avec les autres membres du groupe.

Aujourd’hui, Philippe témoigne d’une transformation profonde : « Je vis mieux et me sens beaucoup mieux depuis. » Sa famille a accompagné cette évolution progressive, chacun à son rythme. Il illustre parfaitement comment la simplicité volontaire peut s’épanouir même dans les vies les plus chargées, grâce au soutien d’une communauté qui permet de « vivre mieux » en ressourçant par les échanges et la solidarité.

Portrait 9 – Marie, la prise de conscience intergénérationnelle

Marie a longtemps vécu dans l’inconscience écologique, admettant que « ma conscience écologique s’arrêtait au couvercle de ma poubelle. » Grande voyageuse, elle pensait que « voir le monde, voyager le plus loin possible » était enrichissant, sans mesurer l’impact environnemental. Les tentatives de « ralentir un peu ou de consommer moins » restaient des efforts temporaires, « comme ces efforts qu’on fait pour faire un régime. »

Le véritable déclic est venu grâce à sa fille ingénieure de 35 ans, qui consacre sa carrière à la décarbonation des entreprises. Face à cette génération qui se dit « si c’est pas nous qui nous en occupons, alors franchement, ça va être qui ? », Marie a pris conscience qu’elle se devait « d’arrêter de participer à cette détérioration de l’environnement » par son mode de vie.

Aujourd’hui guidée par les valeurs d’écologie, de solidarité et de bienveillance, Marie s’investit dans la création de réseaux et de liens durables. « Quand les choses deviennent difficiles, c’est extrêmement réconfortant d’être inscrit dans des relations de bienveillance et de soutien », explique-t-elle. Sa conversion tardive mais sincère illustre qu’il n’est jamais trop tard pour changer et s’engager dans une simplicité volontaire consciente et solidaire.

Rendez-vous chaque mois pour découvrir de nouveaux portraits et vous laissez inspirer par ces parcours qui réconcilient bonheur personnel et respect de la planète.

Et si le prochain témoignage, c’était le vôtre ?

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