Déjoue ton assiette : retour sur l’atelier!

La manière dont nous consommons est de plus en plus au cœur de nos préoccupations. Vous est-il déjà arrivé de vous demander d’où vient cette abondance de produits dans nos supermarchés ? Comment est-ce qu’il vous est possible de pouvoir manger de tout à toutes les saisons ? Et qui orchestre l’industrie de l’alimentation ?

Notre système alimentaire comme nous le connaissons aujourd’hui est né dans un contexte d’après-guerre. En effet, afin de s’assurer que l’ensemble de la population européenne puisse être nourrie, la mise en place d’une Politique Agricole Commune (PAC) a été établie par la Commission européenne pour encourager les agriculteur·trice·s à produire autant que possible en leur assurant un écoulement stable à un prix garanti, afin de leur permettre un niveau de vie décent.

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Cela aura pour conséquence un excès de production, qui amène la PAC à son premier changement ayant un impact majeur, celui de l’aide à l’hectare. C’est-à-dire que les subsides de la PAC ne dépendent plus de la quantité de production mais de la taille de l’exploitation.

Ce qui entraîne une répartition inégalitaire du budget alloué par la nouvelle Politique Agricole Commune et favorise ainsi l’agriculture industrielle. Cela mène à une destruction progressive de la biodiversité, un appauvrissement des sols ainsi que leur pollution à cause des intrants nocifs[[ engrais et de pesticides ]] et également à une pollution de l’air et de l’eau. Soit les bases nécessaires à notre agriculture.

De cette production intensive découle l’exportation de nos denrées à travers le monde. Ce schéma mène souvent les populations à acheter les produits provenant de l’étranger car leurs prix sont bon marché, et ainsi ne permettent pas aux producteurs locaux d’écouler leur stocks. Cela pousse ces mêmes producteurs à exporter leurs marchandises à leur tour en ayant alors pour but d’avoir le tarif le plus compétitif du marché mondial au détriment d’un juste revenu.

Cette maximisation constante du profit donne les rênes de ce système à une minorité d’acteurs tels que les multinationales de l’agroalimentaire et ceux qu’on cite plus rarement, leurs actionnaires, qui mettent l’accent sur un gain conséquent à court terme. Cette vision néolibérale induit une pensée limitante qui est telle que si l’on sort de ce système d’agriculture et d’élevage intensif, il ne nous sera plus possible de subvenir à nos besoins. Or aujourd’hui, nous sommes capables de nourrir 12 milliards de personnes, soit un peu moins du double d’être humains présents sur la planète. Il semble donc possible de mener une transition vers un système alimentaire durable et éthique en maintenant notre capacité à nourrir l’ensemble de la population.

Ce chiffre met en avant également l’inégalité de la répartition des ressources. Qui plus est, quand on sait que 80% des personnes n’ayant pas accès à la nourriture sont les agriculteur·trice·s et leurs familles, le paradoxe est frappant quand on se dit que ceux qui ont faim sont ceux·celles qui nourrissent le monde.

Pour plus de justesse et d’équité, on peut d’abord commencer par mettre en avant une consommation locale, de saison et privilégier les circuits courts. Cependant, encourager les politiques à adopter un cadre légal plus contraignant est primordial. Cela permettrait un réel contrôle de la réduction des intrants, veiller à la santé des sols, du bien-être animal, une amélioration de la biodiversité ainsi que le bien-être des agriculteur·trice·s eux·elles-mêmes.

Soutenir l’agriculture locale et tendre vers un système agroalimentaire durable ne signifie pas cesser tout import-export. Cependant il est nécessaire que celui-ci se face de manière raisonné et respectable pour tous les producteur·trice·s, que le prix soit juste, mais aussi qu’ils·elles ne soient plus dépendant.e.s de ce marché mondial. Pour ce faire, que la surproduction de chacun·e soit valorisée et non plus vue comme une denrée permettant une vente au prix le plus bas, ainsi il sera possible de retrouver une démocratie alimentaire qui bénéficie à la majorité. Pour cela la Politique Agricole Commune de l’Europe joue un rôle capital pour faire évoluer positivement et durablement l’agriculture européenne et en même temps pour inspirer le reste des politiques mondiales.

La PAC est actuellement en train de se redéfinir afin de pouvoir relever les défis climatiques, environnementaux et alimentaires que nous connaissons aujourd’hui. Cette réforme, prévue pour 2021 jusque 2027, s’est vu reportée en janvier 2023 pour des raisons de négociation entre le Parlement européen et le Conseil de l’Union Européenne. Elle a la volonté d’apporter une contribution concernant le Pacte vert, plus particulièrement ciblé sur la stratégie “De la ferme à la table” qui se veut agir notamment sur la réduction d’utilisation de pesticides et le renforcement d’une agriculture de type biologique.

Le temps de report pour la validation de cette politique agricole peut-être perçu comme un temps supplémentaire pour agir et faire entendre nos voix en tant que citoyen·ne·s et acteur·rice·s de ce monde en pleine évolution.

Car même si on ressent l’intention de la part des politiques d’avancer vers un monde plus durable, il est difficile de ne pas voir quelques discordances entre cette nouvelle réforme et d’autres programmes mis en place comme mentionné précédemment. C’est ce que démontre la critique de Greenpeace qui met en avant notamment le fait que cette nouvelle PAC n’exclut toujours pas l’élevage intensif, ou encore la coalition Impaacte énonçant un renforcement des inégalités mais aussi un encouragement des pratiques agricoles qui ne sont aucunement durable ni pour l’homme ni pour l’environnement. Impaacte avance dans son manifeste l’importance d’une économie contenue dans les limites de la Terre. Il est largement préférable que nous laissions de côté cette tendance à l’abondance illimitée qui conduit à un gaspillage impressionnant pour revenir à une alimentation respectant le fil des saisons, plus saine et plus respectueuse de la Terre et de l’ensemble des vivants qui l’habitent.

C’est selon cette vision que Stanka Becheva, travaillant dans l’agroécologie et la souveraineté alimentaire au sein des Amis de la Terre Europe (Friends of the Earth Europe), nous explique dans son interview l’importance pour un futur plus juste, de mettre en avant et de soutenir les plus petites structures agricoles qui travaillent en harmonie avec leur environnement, afin de parvenir à un revenu équitable pour les agriculteur·trice·s. Il s’agit donc d’agir avec solidarité pour tous ceux·celles touché·e·s par les inégalités de ce système agroalimentaire industriel qui domine le marché. C’est cela que prône le mouvement de la souveraineté alimentaire.

Une journée pour déjouer son assiette

C’est avec la volonté d’interpeller les députés européens que Les Amis de la Terre ont donné rendez-vous ce 20 mai à une dizaine de jeunes du Service Citoyen sur le site du potager-jardin de l’asbl Ekikrok, à Bossière.

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Une journée rythmée par le jeu de la ficelle animé par l’ONG Quinoa, qui permet aux participant·e·s de détricoter le système alimentaire, sur base de l’assiette belge, et son impact sur l’ensemble de ses acteur·rice·s.

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Le groupe de jeunes a pu parcourir, par exemple, le cheminement d’une banane kényane qu’ils trouvent dans leur supermarché et appréhender la manière dont tout le système alimentaire est lié, mais aussi la nécessité d’enrayer cet engrenage afin de le faire repartir dans une direction plus juste pour tou.te.s.

C’est lors d’un moment où, les mains plongées dans la terre, les jeunes ont pu poser leurs idées et discuter de ce qui les avaient le plus marqué : certain.e.s restaient dans l’incompréhension du gaspillage que l’on connaît en Europe alors que d’autres n’ont pas assez pour se nourrir, quand d’autres se questionnaient sur les principes discutables de la PAC et du fait qu’elle ne valorise pas une agriculture respectueuse de notre environnement et de la biodiversité.

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L’aboutissement de cette journée d’apprentissage, de réflexion et surtout de partage a permis à celles et ceux qui le souhaitaient, d’enregistrer un message pour interpeller les parlementaires européens.

Cette journée a fait ressortir la volonté palpable de chacun·e de changer les choses, en commençant par soi-même mais aussi en prenant conscience qu’il est possible d’agir à une plus grande échelle, pour un système agroalimentaire plus juste pour notre planète et celles et ceux qui y vivent.

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Retrouvez dans cet article les différents messages d’interpellation des parlementaires européens par les participant.e.s.

Si vous aussi, vous souhaitez interpeller les parlementaires qui nous représentent, le Parlement européen a récemment ouvert une plateforme en ligne pour les citoyen.ne.s intitulée ensemble.eu. Grâce à cette plateforme vous avez tou.te.s l’opportunité de participer à la vie démocratique et de construire l’Europe qui vous convient. Pour cela une autre plateforme est également disponible : Conférence sur l’avenir de l’Europe. Elle vous offre la possibilité de vous exprimer, de faire savoir dans quelle Europe vous souhaitez vivre et de contribuer à façonner notre avenir.

Sources:

Pour aller plus loin:

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Les Amis de la Terre-Belgique soulignent avec gratitude le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication relève de la seule responsabilité des Amis de la Terre-Belgique et ne peut aucunement être considéré comme reflétant l’opinion de l’Union européenne. Le Parlement européen ne peut nullement être tenu responsable de l’utilisation qui pourrait être fait des informations qui y sont présentées.

Crédit photo : Déjoue ton assiette !