Retour sur Reclaim : une journée écoféministe qui ouvre nos imaginaires

La journée du 27 mars « Reclaim : une journée écoféministe qui ouvre nos imaginaires » a été riche en découvertes, rencontres et réflexions, le tout dans une atmosphère détendue et bienveillante, dans le cadre apaisant qu’est l’Arbre qui Pousse à Ottignies-Louvain-la-Neuve. Retour sur cette journée inspirante !

La journée a été organisée dans le but de (re)penser, de manière individuelle et collective, notre rapport au monde et au vivant, et pour explorer de nouveaux récits de société qui nous relient à notre plus profonde raison d’être ! Différentes questions ont été soulevées à travers la pièce de théâtre Reclaim et les espaces de rencontre pour approfondir le message transmis par le spectacle : Qu’est-ce que les luttes écologiques et féministes éveillent en nous ? Comment sortir du modèle actuel basé sur des rapports de domination et la prédation du monde vivant ? Quelles pistes dessiner pour imaginer et créer un autre monde ? Et comment remettre au cœur de nos existences notre condition d’humain et de vivant sur terre ?

La pièce de théâtre, inspirée du recueil écoféministe « Reclaim » d’Emilie Hache, associait jeu de théâtre ‘classique’, chant, musique et danse contemporaine pour transporter le spectateur·rice dans l’univers de l’écoféminisme. A travers le choix des musiques, les réclamations et messages passés par le mouvement étaient transmis et interprétés de manière très touchante et inspirante. Toutes les émotions ont été représentées dans la pièce : la peur et l’éco-anxiété, le désespoir face à la non-action, la colère qui motive à agir, et la joie et l’espoir du partage et de la prise d’initiatives en communauté. Le message, délivré de manières variées, a pu frayer son chemin dans l’esprit d’un public plus ou moins averti, et toucher tout un chacun·e. La pièce abordait plusieurs aspects de l’écoféminisme, son avènement et la manifestation devant le Pentagone en 1980, où les femmes sont allées crier et montrer leur mécontentement face au nucléaire, et leur peur face à leur avenir et celui de la planète ; mais également l’interdépendance du vivant, la synergie entre chaque être humain et chaque élément de notre environnement ; l’aspect plus spirituel et la reconnexion à son corps et à son esprit ; et enfin le message d’espoir et de renouveau qu’inspire l’écoféminisme : un nouveau monde est possible et célébrer la vie est notre meilleur moyen de résilience.

Après avoir assisté à la représentation théâtrale, les participant·es ont pu prendre part à un atelier de leur choix parmi les quatre ateliers qui proposaient des moyens différents pour découvrir ou approfondir les imaginaires écoféministes : laisser libre cours à notre imagination à travers la peinture, nous inspirer et nous relier à la nature qui nous entoure, explorer comment le système actuel renforce les mécanismes qui nous surchargent et malmènent au niveau mental, remettre au cœur de nos existences l’importance du corporel et du sensoriel dans nos vies…

Le premier atelier, facilité par Frédou Braun, chargée de projets chez Corps écrits et facilitatrice d’ateliers d’auto-santé, s’appelait « D’un corps à soi au corps de la planète » et consistait en un atelier artistique via la création d’une fresque en extérieur, sous le beau soleil de la journée. Frédou Braun écrit : « Suite aux voix qui dans le spectacle nous interpelleront, écoutons ce qui résonne en nous et explorons nos sensations et nos émotions. Appréhendons autrement nos chemins de vie pour nous réapproprier nos corps et notre pouvoir d’action : face aux normes sexuelles et patriarcales, face à la surmédicalisation et face à l’exploitation de notre environnement. Et surtout, laissons libre cours à la créativité naissante, l’espace d’un instant, à travers les mots et les couleurs … ! ». Après un moment de méditation pour se reconnecter à soi et à son enfant intérieur, l’atelier a permis aux participant·es d’explorer ensemble, à travers un moment créatif, ce que la pièce de théâtre Reclaim leur a inspiré et ce que l’écoféminisme éveille en eux.

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Après une immersion de la part des participant·es dans un monde plein de créativité et de ressources, nous retrouvons dans cette magnifique fresque des images, des dessins et des mots de joie, de partage, de bienveillance, de lutte, d’espoir, d’inspiration, de colère, d’émotions… Un beau mélange entre individuel et collectif, chacun·e installé de part et d’autre de la feuille, chacun·e en train de dessiner ses propres émotions, sans trop réfléchir, en laissant parler son corps et son subconscient, pour créer, tous ensemble, une fresque colorée et inspirante. Mélange de messages d’espoirs, positifs et lumineux, et de messages plus sombres, pleins de rages et de colères qui, en étant là, mettent en valeur la lumière et le positif représentés tout autour.

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Le deuxième atelier « Résonner avec la terre », était facilité par Corinne Mommen, de Terr’Éveille. Défini par Corinne Mommen comme un : « atelier pour s’ancrer dans nos corps et dans nos respirations, entrer en relation avec la Terre, comme « notre plus grand corps » et écouter les résonances suscitées par la présentation de la pièce Reclaim. Comment une relation renouvelée avec le vivant nous permet d’accueillir nos émotions, nos ressentis, nos mémoires et histoires de femmes et d’hommes, dans une perspective plus large, plus profonde… et réveiller de nouvelles intuitions pour aller de l’avant ». Cet atelier consistait en une balade sensorielle dans la forêt, hors des sentiers, pour se reconnecter à soi et à la Terre, et ainsi explorer la partie la plus sensorielle et sacrée de l’écoféminisme : le lien aux autres, à la terre et au monde vivant. L’écoféminisme met un point d’honneur à la reconnexion à la Terre car à travers ce moyen s’ouvre une relation de partage, d’humilité et d’appartenance à un tout beaucoup plus grand. En se reconnectant à la terre et à notre environnement, cela permet de comprendre les mécanismes naturels et de retrouver sa place au cœur d’un monde qui tourne avec ou sans nous, et dans lequel l’humain doit retrouver sa place.

Le troisième atelier « Charge mentale : comment cesser de subir et retrouver notre pouvoir de changer le monde » était facilité par Patricia Mignone, de Madame Charge Mentale, et autrice du livre « La charge mentale des femmes : de l’effondrement au sens ». Les réflexions abordées lors de cet atelier étaient alimentées par différentes questions : Par quels mécanismes contribuons-nous à ce système que nous condamnons ? Comment se fait-il que nous malmenions celles et ceux que nous aimons ? Comment nous libérer de nos paradoxes pour œuvrer à l’avènement du monde dont nous rêvons ? Les questions de Patricia Mignone permettent un éveil sur le système capitaliste qui exploite et oppresse, ajoute une pression supplémentaire à la charge mentale des femmes qui veulent s’engager pour la planète et ne valorise pas le travail domestique. Le care et la réclamation de reconnaissance du travail fourni en dehors des heures payées de travail sont également des moteurs de revendications écoféministes. Cet échange a permis de dénouer les blocages liés à cette charge mentale excessive afin de pouvoir se sentir libre de s’engager et de s’épanouir dans le monde.

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Enfin, le quatrième atelier « Rituel de réconciliation féminin / masculin », facilité par Laurence Leduc, de Célébrer.be, consistait en un moment de partage et de bien-être à travers la méditation. Selon Laurence Leduc : « Nous avons toutes et tous, en nous, une part de féminin et une part de masculin, que nous soyons femme ou homme. Et nous avons toutes et tous une histoire commune, parfois très ancienne, teintée de domination, inégalité et souffrance. On parle de féminin et de masculin blessé. Aujourd’hui, le chemin du pardon et de la guérison est devant nous, dans nos mains et dans nos cœurs. Le temps de la réconciliation est arrivé… ». Parmi les différents courants de l’écoféminisme, on retrouve un grand mouvement spirituel, qui met en avant le ralentissement par la reconnexion à soi, à son corps et au sacré. La méditation a une grande place dans cette pratique qui demande de ralentir son esprit par la respiration et, d’une manière humble, de se recentrer dans son environnement, et de retrouver sa place au centre du vivant, de se (re)connecter aux autres et à soi-même.

Étant donné que le soleil brillait ce jour-là, et que l’Arbre qui Pousse fêtait le début du printemps, la journée s’est terminée dans l’herbe à siroter une boisson au son d’un concert live, avec des stands de nourriture, des maraîchers et une pépinière. Un moment de détente duquel les participantes ont pu gracieusement profiter !

Vous n’avez pas pu assister à cette journée ou elle vous a donné envie d’approfondir davantage ce qu’est l’écoféminisme ? Un groupe thématique écoféministe existe au sein des Amis de la Terre ! Vous souhaitez vous y engager, partager, échanger, ou même participer à la création de projets autour de cette thématique ? Rejoignez-nous ! C’est par ici.