S!lence est la plus ancienne revue écologiste française. C’est un mensuel sans publicité : un média libre, somme toute ! Elle se veut un lien entre toutes celles et ceux qui pensent qu’aujourd’hui, il est possible de vivre autrement sans accepter ce que les médias et le pouvoir nous présentent comme une fatalité. Elle travaille principalement autour de trois thématiques : l’écologie, les alternatives et la non-violence. Les Amis de la Terre-Belgique sont l’unique diffuseur belge du journal depuis de nombreuses années car nous partageons bien plus que des valeurs … une vision commune de la lutte écologique et solidaire !
Nous profitons de la publication du 500ème numéro “Écouter, regarder, raconter” pour vous parler de cette revue singulière qui, années après années, reste fidèle à ses valeurs en contribuant activement à une nouvelle manière de voir la société et nos modes de vies. A cette occasion, nous avons questionné une salariée, Marion Bichet, gestionnaire et chargée de communication de l’association française S!lence afin de mieux connaître leur fonctionnement.
Une force militante
Le contexte politique en France en 1982 et la disparition de revues écologistes sont tels qu’ils ont fait jaillir chez un petit groupe de jeunes militants lyonnais l’envie de créer un magazine engagé écologiste et anti-nucléaire. Le premier numéro est tiré à 700 exemplaires et dès le départ “ il y a une volonté forte de décloisonner les luttes et de les relier entre elles : de l’agro-écologie à l’anti-nucléaire, et puis progressivement du féminisme aux mouvements LGBTQ+, du syndicalisme au soutien aux personnes migrantes…” nous dit Marion Bichet. Depuis, l’équipe a fondé l’association S!lence et continue de publier tous les mois, malgré les hauts, les bas et les obstacles financiers. En effet, c’est grâce à ses bénévoles, adhérent·e·s et donateurs·rices très engagé·e·s que cette revue réussit à perdurer. Un bel exemple est celui de 2008, lorsqu’une crise financière a bouleversé le journal, tous les salarié·e·s de l’équipe ont dû être licencié·e·s, mais grâce à l’engagement et l’investissement de nombreux bénévoles via une campagne d’abonnement, le journal a pu continuer à vivre et à être publié !
Un engagement fort en interne
Jusqu’aujourd’hui, l’équipe de l’association reste fidèle du mieux qu’elle peut à la vision de la société et du travail qu’elle prône. « Ce qui explique que S!lence existe toujours, c’est sans doute en partie parce que nous essayons le plus possible d’être alignés avec les valeurs véhiculées dans la revue, d’être en cohérence, et je pense que c’est important pour les lecteurs et lectrices. Nous avons par exemple décidé début mars 2021 de désactiver notre compte Facebook, parce que nous avons par ailleurs une position techno-critique et décroissante. De plus, les quatre salarié·e·s de S!lence sont à temps partiel car la revue défend une réduction du temps de travail de manière choisie. Les salarié·e·s sont payés au même salaire quelle que soit leur ancienneté et nous fonctionnons en autogestion. » explique Marion. « Et en plus de cela, on est une revue participative, c’est-à-dire que l’on tient à ce que ce soient des personnes mobilisées, en action, qui s’expriment et partagent leurs expériences et leurs savoirs. Pas uniquement des expert·e·s car on souhaite aussi donner la parole à des personnes que l’on entend pas… »
Quand alternatif … rime avec positif !
Alternatif = positif c’est l’engagement qu’a décidé de prendre l’équipe de S!lence et c’est comme ceci que l’on peut y trouver des récits d’agricultures paysannes, d’habitats partagés, d’épiceries autogérées, de ZAD, de lieux de solidarité avec les personnes migrantes et plus encore. “Dans la grisaille médiatique, nous choisissons de faire connaître le positif, les actions de citoyen.ne.s en France et dans le monde.” explique Marion, avant d’approfondir : “De plus, du fait de son rythme mensuel, S!lence s’assume comme un média lent qui prend le temps d’approfondir les sujets et d’analyser ce qui fait l’actualité. Mais aussi de mettre en lumière ce qui n’est pas visible ailleurs, les alternatives qui se tissent en dehors des radars des grands médias. Nous sommes souvent sollicités pour parler des initiatives alternatives qui fleurissent partout. Les dossiers partent des intérêts personnels des bénévoles et salarié·e·s du comité de rédaction, de l’envie d’apporter une approche critique sur une thématique trop consensuelle de l’écologie, de mettre en lien deux univers, d’approfondir un versant de l’écologie pratique ou politique, etc. Nos dossiers à venir sur les thématiques « Décoloniser l’écologie », ou encore « Le bluff de l’écologie circulaire » en donnent une petite idée. “
Faire vivre le débat
En plus d’être à la recherche d’article de fonds, l’équipe a la volonté de faire vivre le débat en donnant l’opportunité à des opinions contradictoires d’être mis en lumière. En démontre leur récent numéro sur le numérique (n°498, « Le numérique, son monde… et nous ») dans lequel se croisent deux points de vues : dé-numériser le monde ou rendre le numérique plus démocratique et plus écologique, bien que le journal affirme clairement son opinion pour de la décroissance.
Comme pour le numérique, l’écologie sociale et la justice climatique sont au cœur des débats en cherchant à aller à la racine des problèmes et à relier les luttes entre elles.
Aujourd’hui le journal arrive à tourner grâce à une équipe de 4 salarié·e·s et des articles écrits par de nombreux bénévoles. Il est vendu à 3200 abonnés en France et tiré au total à 4000 exemplaires.
S’abonner à la revue
Malheureusement, nous ne faisons plus office de diffuseur en Belgique. Pour s’abonner, il est possible de le faire directement sur le site internet officiel ici.
Pour plus d’information sur la revue, veuillez cliquer sur ce lien: http://www.revuesilence.net/