Transition climatique, objectif zéro carbone

Le climat et ses changements nous impactent au quotidien. Entendre parler de transition vers une société respectueuse du climat, ou transition climatique, n’est pas nouveau, au fil du temps les accords politiques internationaux se sont suivis pour tenter de se donner les moyens de limiter notre empreinte carbone. Hélas, les accords n’ont souvent pas été à la hauteur de l’urgence climatique et des transformations sociétales profondes sont nécessaires afin de répondre à cette urgence. Cependant, qu’est ce que l’on entend par « transition » ? Et où en sommes-nous maintenant ?

La prise de conscience d’un changement climatique à l’échelle planétaire trouve sa source dans les années 1800. Les premières inquiétudes se font sentir suite à la prise de conscience de l’impact majeur qu’a l’être humain sur l’environnement, notamment à cause de la période préindustrielle. Dès lors, les rapports et conférences à ce sujet se multiplient. On voit naître un groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC ou IPPC en anglais), composé de trois équipes chargées de suivre, entre autres, les conséquences des points de vue démographique, sociologique et économique du changement climatique.

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Le GIEC sonne l’alarme en 2014 lorsqu’il met en avant les risques immenses que nous pourrions rencontrer concernant la perte de notre biodiversité mais aussi une insécurité alimentaire accrue si nous n’agissons pas plus activement. La COP21 (Conference of the Parties), qui a permis de signer l’accord de Paris en 2015, se veut agir pour limiter l’augmentation du réchauffement climatique mondial en deçà du +2°C voire le limiter à +1,5°C. Depuis, le GIEC n’a de cesse de pointer l’urgence de mettre en place des actions plus contraignantes au niveau mondial pour avoir un réel impact positif face aux changements climatiques croissants et atteindre les objectifs posés par les précédents accords.

C’est face à cette urgence climatique et au manque d’action concrète de la sphère politique que Greta Thunberg décida d’entreprendre une grève pour le climat en 2019 qui connu une notoriété internaionale. Ce mouvement est arrivé jusqu’à nos portes sous le nom de “Youth for Climate” et s’est propagé depuis un peu partout en Europe. C’est ainsi qu’en 2019, des milliers de citoyen·ne·s se sont retrouvé·e·s en Europe pour manifester contre le trop peu d’actions politiques concernant la protection du climat. Et la persistance de ces manifestations a permis d’aboutir en décembre 2019 au pacte vert pour l’Europe.

Ce pacte vert (ou Green New Deal) veut faire de ce défi climatique une chance à saisir pour placer l’Union européenne sur une trajectoire plus durable. Cette transition climatique a de multiples aspects, car pour avoir un impact significatif c’est l’ensemble de notre manière de vivre qui se doit d’être repensé. Les mots d’ordres du pacte vert pour l’Europe : La mise en place d’une économie circulaire, aller vers une mobilité durable, préserver et rétablir les écosystèmes ainsi que la biodiversité, retrouver un système alimentaire plus juste pour tou·te·s, fournir des énergies dites propres, c’est-à-dire sans combustion d’énergies fossiles, avec comme ambition d’atteindre zéro émission carbone d’ici 2050. Ces changements ont pour objectif une transition vers une société circulaire, renouvelable, respectueuse du climat et du vivant.

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C’est sans oublier l’importance que cette transition soit juste, équitable et accessible pour toutes et tous. La volonté de l’Union européenne est de ne laisser personne de côté, comme le visent les Objectifs de Développement Durable (ODD) créés en 2015. C’est donc en agissant de manière solidaire qu’une telle évolution est possible, tant au sein de l’Europe qu’à travers le monde, car l’urgence est aussi que l’ensemble des populations et des politiques mondiales s’alignent sur ces ambitions climatiques si nous voulons voir un jour le changement prendre place.

Ce nouveau pacte peut permettre un réel changement de système pour l’Europe, à la condition qu’ils ne restent pas à l’état de promesses comme malheureusement cela s’est trop souvent déroulé dans le passé. Pour ce faire, Friends of the Earth Europe (FoEE) énonce 5 principes pour guider et rendre possible ce plan vert. Il est pointé également que l’Europe reste encore trop axé sur une croissance dite verte, cependant l’heure n’est plus à cette pulsion du “plus toujours plus” mais bien d’agir dans les limites de la Terre.

Pour atteindre l’objectif de la neutralité carbone d’ici 2050, la Commission européenne imagine en 2018 une taxonomie verte, ayant pour principe un seuil d’émission défini à moins de 100g de CO2 par kWh afin que les entreprises en deçà de ce seuil, soient perçues comme “vertes”, ce qui permettrait de promouvoir des activités favorisant le climat. A noter également la mise en place de six objectifs qui sont: atténuer le changement climatique ou s’y adapter, faire un usage durable des ressources d’eau, participer à l’épanouissement de la biodiversité, respecter les règles de l’économie circulaire et prévenir et contrôler les risques de pollution, sans porter atteinte aux cinq autres.

L’avantage de cette taxonomie, est que les entreprises seraient dans l’obligation, d’ici la mise en place en 2022, de fournir des informations concernant leurs bilans carbones, ce qui permettrait d’aspirer à plus de transparence même si aucune pénalité n’est prévue en cas de bilan négatif. Cependant, elle n’intègre pas les entreprises d’énergies fossiles telles que le nucléaire ou le gaz ayant pourtant un impact immense sur la production de CO2.

C’est ici que l’écart se marque car l’engagement reste encore bien trop faible. Paul de Clerk, coordinateur de la justice économique au sein de FoEE, dit très justement « Bien que des mesures décisives pour enrayer la dégradation du climat soient cruciales au cours de cette décennie, la Commission propose de continuer à protéger les combustibles fossiles pendant au moins dix autres années – et 20 ans pour les infrastructures gazières. Cette complaisance aveugle envers les intérêts des combustibles fossiles sape l’Accord de Paris et l’Accord vert européen. »

En Belgique, pour rendre cela plus contraignant envers nos politiques et les encourager à tenir leurs promesses, mais aussi afin de mettre en avant l’urgence climatique, l’Affaire Climat a émergé en 2014, souhaite : « faire condamner les gouvernements pour cause de politique climatique négligente ». Et ainsi exige « une réduction des émissions de gaz à effet de serre sur le territoire belge d’au moins 42 à 48% en 2025 et d’au moins 55 à 65% en 2030, chaque fois par rapport à l’année de référence 1990. En 2050, le zéro émission doit être une réalité ». Le procès a eu lieu en mars 2021 et le tribunal de première instance de Bruxelles vient de condamner les autorités belges pour négligence de leur politique climatique. C’est une grande victoire car, enfin, cette décision reconnaît le manque d’engagement politique à l’égard du climat ayant comme répercussion la mise en danger des citoyen·ne·s et permet vers des décisions et actions plus incisives. Cependant aucune obligation ou pénalité n’a été mise en place, le tribunal nous donne donc raison sans pour autant imposer quoi que ce soit aux autorités belges. L’Affaire Climat pense donc aller plus loin en faisant appel mais aussi en portant nos voix devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) de Strasbourg. Le combat avance mais n’est pas encore terminé.

La transition climatique est un enjeu de taille et en tant que citoyen·ne, on peut se sentir quelque peu démuni·e face à cette crise. C’est collectivement que nous avons une place à prendre, en interpellant notre commune sur des enjeux environnementaux ou sociaux, en se réunissant en groupes de citoyen·ne·s pour signer une pétition, en proposant de nouvelles alternatives de rencontres, de vie de quartier, ou même en interpellant nos parlementaires européens ! A cela peuvent se suppléer de nouvelles habitudes à mettre en place au quotidien : en prenant le vélo plutôt que la voiture pour les petits trajets, en allant dans l’épicerie en vrac de notre quartier et essayer quelques techniques zéro déchet, repenser notre manière de consommer et de vivre, acheter en friperie plutôt que dans de grandes enseignes. Tout ceci sont des exemples qui peuvent nous être accessibles, et que nous pouvons petit-à-petit adapter à notre mode de vie, afin de devenir le·la citoyen·ne responsable et solidaire dont la Terre a grandement besoin.

Cependant de toute évidence, sans un réel changement à l’échelle mondiale en matière de protection de l’environnement et du vivant, la solidarité citoyenne ne sera pas suffisante. Et afin que nous puissions construire un monde durable, ce sont tous les pays qui doivent s’allier à cet élan solidaire. Cela peut sembler inimaginable, pourtant la Coalition Climat, dont les Amis de la Terre font partie, rappelle dans son mémorandum, que lors de la crise de la Covid-19 que nous traversons toujours, c’est bien à l’échelle mondiale que les politiques ont agit et qu’ils nous ont démontré qu’ils étaient capables d’écouter les scientifiques. 

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Cela est donc bel et bien de l’ordre du possible, transformons cette crise en opportunité, continuons de nous mobiliser et réclamons des politiques climatiques ambitieuses, nos voix comptent.

Une journée pour repenser le climat

Le 21 mai, un groupe de jeunes du Service Citoyen s’est rendu à Namur pour participer à une journée animée par Les Amis de la Terre afin de tester leurs connaissances mais aussi en apprendre davantage sur les changements climatiques et leurs sources.

C’est au travers l’animation de “La Fresque du Climat”  que le groupe a pu mettre ses connaissances en commun pour créer un schéma des causes et conséquences des changements climatiques et comprendre les connexions entre les différentes activités humaines et les conséquences sur le climat. Chaque groupe, aidé d’un ou une animateur·rice, a organisé les cartes de cette fresque pour les mettre dans un ordre qui lui semblait logique. Les liens complexes et nombreux étaient explicités par l’animateur·rice.

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Un temps a été imparti aux jeunes pour pouvoir s’exprimer, se questionner mais aussi se positionner face aux choix possibles d’actions face à cette crise. Des questionnements tels que “faut-il arrêter de prendre l’avion ?” ou “devons-nous cesser de manger de la viande ?” ont émergé, et grâce à cela un débat animé et riche d’écoute et de partage a pu prendre place sur l’importance de nos choix personnels mais également sur la responsabilité que doivent prendre les politiques.

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La deuxième partie de la journée, Lucie Morauw, activiste du groupe “Youth for Climate EU” a expliqué ce mouvement citoyen et l’impact qu’il connaît aujourd’hui. Elle nous a rappelé l’importance de faire porter et entendre sa voix à auprès de nos parlementaires européens, élus pour nous représenter. 

Suite à cela, un moment créatif a été dédié à l’écriture et à l’enregistrement de messages de la part des jeunes à l’intention des parlementaires. Cela leur a permis de formuler et d’exprimer leurs incompréhensions, leurs craintes concernant leurs avenirs mais aussi un certain mécontentement.

Retrouvez dans cet article les différents messages d’interpellation aux parlementaires européens par les participant·e·s.

Si vous aussi, vous souhaitez interpeller les parlementaires qui nous représentent, le Parlement européen a récemment ouvert une plateforme en ligne pour les citoyen.ne.s intitulée ensemble.eu. Grâce à cette plateforme vous avez tou.te.s l’opportunité de participer à la vie démocratique et de construire l’Europe qui vous convient. Pour cela une autre plateforme est également disponible : Conférence sur l’avenir de l’Europe. Elle vous offre la possibilité de vous exprimer, de faire savoir dans quelle Europe vous souhaitez vivre et de contribuer à façonner notre avenir.

Passez à l’action :

Sources :

Pour aller plus loin :

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Les Amis de la Terre-Belgique soulignent avec gratitude le soutien financier de l’Union européenne. Le contenu de la publication relève de la seule responsabilité des Amis de la Terre-Belgique et ne peut aucunement être considéré comme reflétant l’opinion de l’Union européenne. Le Parlement européen ne peut nullement être tenu responsable de l’utilisation qui pourrait être fait des informations qui y sont présentées.