Le 12 décembre, nous nous sommes réunis avec nos membres afin de leur présenter la feuille de route des Amis de la Terre pour 2021-25, qui est le résultat d’une réflexion collective. En effet, le réseau s’est retrouvé à quatre occasions pour réfléchir aux projets qu’ils.elles souhaitent voir fleurir chez les Amis de la Terre :
- La journée de co-évaluation et de co-construction de nos projets en lien avec la thématique « Pour une vie plus simple », qui a eu lieu le 9 novembre 2019 à Namur et a accueilli Émeline De Bouver, docteure en sociologie politique et auteure du livre « Moins de biens, plus de liens ».
- La journée de co-évaluation et de co-construction de nos projets en lien avec la thématique « Pour une terre vivante », qui a eu lieu le 8 décembre 2019 à Liège et a accueilli Emmanuelle Piccoli, docteure en anthropologie et professeure à l’UCL qui a présenté d’autres manières d’être en relation avec les autres vivants et la Terre ; Anne-Sophie Hubaux, engagée dans le groupe de réflexion Construire un Déclin, qui a abordé la thématique de la résilience, et Thomas Lauwers, agronome et paysan à la Ferme de Bierleux Haut, qui nous a parlé des pratiques d’agriculture sur sol vivant.
- La journée de co-évaluation et de co-construction de nos projets en lien avec la thématique « Pour une économie non-violente », qui a eu lieu le 11 janvier 2020 à Ixelles.
- Et enfin, une dernière journée de co-évaluation et de co-construction dans nos bureaux à Namur pour conclure toutes les réflexions entamées.
Le résultat de ces journées de réflexion collective fut l’émergence de deux nouveaux axes d’action pour les Amis de la Terre en 2021-2025
- L’axe de la résilience collective, qui visera à résister pour empêcher les destructions multiples, surmonter les effondrements avec des solutions à impact environnemental et social positif et qui mettent en joie, et enfin déconstruire nos représentations du monde pour s’ouvrir à de nouvelles représentations qui encouragent la résilience collective : logiciels libres, vie simplicitaire, biens communs, agriculture et consommation différente qui permettent la résilience alimentaire, mais aussi la résilience hydrique et énergétique.
- L’axe de l’interdépendance, qui visera à favoriser et accompagner le changement culturel vers des nouvelles représentations de l’humain, de la nature et de leur relation. Il s’agira dès lors d’interpeller les pouvoirs publics par rapport à la gestion des biens communs (terre, forêts, nappes phréatiques, etc.), d’informer le grand public sur les cycles naturels de l’eau, de la vie et de la mort (humusation), de la biodiversité, etc., et enfin de recréer du lien avec la Nature.
Ces axes d’action composent la feuille de route, qui a donc été présentée lors de l’Assemblée Générale du 30 août avec l’espoir d’y consacrer à nouveau une journée de réflexion. Malheureusement, la crise sanitaire a rendu ce projet impossible, mais nous nous sommes adapté.e.s et avons organisé une matinée de discussion en virtuel. Après une brève présentation de la feuille de route, il a été possible pour les participant.e.s de poser des questions sur celles-ci. Nous avons remarqué que l’intérêt s’est énormément porté sur notre projet de « mettre en joie ».
Il a ensuite été proposé à l’assemblée de se séparer en quatre sous-groupes afin de réfléchir, sur base des thèmes qui sont ressortis de la dernière journée d’évaluation et de co-construction, à des projets d’activités pour l’ensemble du réseau autour des thèmes suivants : actions pour la résilience, actions de résistance, biens communs naturels, et changer les imaginaires. D’emblée, plus de la moitié des participant.e.s ont manifesté leur intérêt pour ce dernier thème.
Voici donc ce qui a été proposé :
- Actions pour la résilience : les participant.e.s ont proposé de montrer les liens entre chaque type de résilience avec un focus thématique annuel. Ils.Elles proposent de démarrer avec la résilience naturelle avec les thématiques de l’eau et du sol via la toilette à litière biomaitrisée (TLB) et la permaculture. Ensuite la résilience individuelle/intérieure serait mise à l’honneur avec la simplicité volontaire, le désencombrement puis viendrait la résilience sociale, politique avec des consultations citoyennes, le lien avec les coopératives, etc.
- Actions pour la résistance : Les participant.e.s proposent d’agiter les consciences et d’interpeller les citoyen.ne.s sur différentes problématiques telles que la publicité. Par exemple, ils.elles évoquent l’idée de résister en placardant dans les abris bus des messages chocs pour interpeller les gens sur les choix politiques et la publicité. Par exemple avec le message: « Pourquoi relancer les grandes surfaces avant les petits commerces ? ». De plus, les membres de ce sous-groupe suggèrent également d’interpeller les écoles concernant leur utilisation de logiciels illégaux car incompatibles avec le RGPD et de leur proposer des alternatives libres.
- Biens communs naturels : ce sous-groupe a proposé de sensibiliser le grand public concernant les projets de biens communs naturels en créant une plateforme qui leur apporterait une mise en réseau et de la visibilité (notamment via une communication de la plateforme aux communes concernées). Ils.Elles ont également réfléchi à pérenniser les projets existants en favorisant l’adhésion aux vergers collectifs et jardins potagers. De plus, une attention devra être portée sur l’accessibilité à tou.te.s (notamment en veillant au prix) pour leur permettre de poursuivre leurs engagements. Pour le matériel nécessaire aux projets tels que les graines, l’eau, etc., des financement publics seront requis ainsi que pour la création de lieux y compris sur les toits.
- Changer les imaginaires : la première réflexion de ce sous-groupe fut que le contexte critique actuel est propice à la réflexion sur nos modes de vie, nos représentations, et sur le système actuel. Dans l’optique de déconstruire et d’ensuite construire en proposant des alternatives positives et joyeuses,ils.elles ont donc proposé d’organiser un cycle d’activités de réflexion où les participant.e.s auraient le loisir d’imaginer leur société idéale. Ces activités pourraient tourner autour de l’habitat, comme l’a déjà proposé la locale de Namur avec la présentation d’un film sur une communauté québécoise en habitat groupé, suivi d’une activité où il était demandé aux participant.e.s d’imaginer l’habitat idéal. Cela pourrait aussi tourner autour de la ville, comme l’a suggéré un.e membre de la locale de Bruxelles, qui a déjà organisé une activité de réflexion sur les villes et solutions low-tech. On pourrait également penser à une activité concernant les transports idéaux, en essayant de se focaliser sur la mobilité douce, comme les vélomobiles. Et évidemment, il serait intéressant d’organiser des activités de réflexion sur un système socio-économique et politique idéal : la décroissance, l’agroécologie, etc.
En conclusion, nous sommes ravi.e.s de cette journée qui a apporté de nombreuses idées pour le futur et a permis de nous retrouver malgré la distance. Celle-ci n’était qu’une première étape fructueuse dans la construction d’un projet commun à l’ensemble du réseau. Nous reviendrons vers vous pour continuer à mener ensemble cette réflexion.