Il faut dire que les pathologies cancéreuses connaissent un boum funeste dans les pays industrialisés et que la France a pu s’en rendre compte, ses statistiques étant à jour (ce qui n’est pas le cas en Belgique où, faute de moyens, les données liées au cancer n’ont plus été traitées depuis plus de six ans !). Le vieillissement étant compensé par une hausse de la qualité de vie, il a bien fallu chercher d’autres raisons à cet accroissement inquiétant. Les travaux et constatations rassemblés à l’occasion de ce colloque ont ainsi abouti, sous la houlette convaincue du Docteur Belpomme, à établir la conviction qu’il existe bel et bien un lien entre les problèmes de santé et l’état de l’environnement. La qualité de la nourriture, de l’air, de l’eau, … joue sur l’état sanitaire des populations et particulièrement sur les plus faibles. Leur empoisonnement par des substances chimiques même minime peut, par la répétition et l’accumulation, constituer un facteur causant ou aggravant des pathologies cancéreuses, des malformations dues à l’altération du patrimoine génétique, des baisses de fertilité voire des stérilités.
La situation a paru assez alarmante pour que les auteurs de l’appel proposent aux décideurs sept mesures énergiques et pour qu’un appui citoyen soit sollicité. La signature d’un million de personnes d’ici un an est en effet envisagée. Le texte devrait être ensuite présenté en septembre 2004 au Parlement européen.
Les mesures proposées consistent à interdire l’utilisation des produits à caractère cancérigène ou à risque, mettre en place un système de normes toxicologiques internationales basées sur l’évaluation des risques courus par les populations faibles (enfants, personnes âgées, ..), supprimer ou réduire les émissions polluantes, responsabiliser les acteurs, accélérer les mesures de diminution des émissions de gaz à effets de serre et réguler la mise sur le marché des produits chimiques de façon, notamment, à assurer la substitution des plus dangereux pour l’homme par des alternatives moins nocives.
Chez nous, à l’occasion de la conférence ministérielle Environnement-Santé de l’OMS Europe tenue à Budapest en juin dernier, la délégation belge s’est engagée en faveur d’un environnement plus sûr et d’une meilleure santé pour nos enfants. L’impact de la dégradation de l’environnement sur la santé des enfants est une source de préoccupation croissante en Europe. De nouvelles données rendues publiques par l’OMS révèlent que 5 grands facteurs environnementaux sont responsables d’une grande partie des décès et handicaps chez les enfants. Cet impact varie fortement d’un pays à l’autre; des moyens de protection efficaces existent donc. Quelles sont ces questions importantes pour la santé des enfants : l’accès à l’eau salubre et aux installations d’assainissement, la prévention des accidents et des blessures, les maladies respiratoires dues à la pollution atmosphérique, les maladies résultant d’une exposition à d’autres facteurs de stress environnementaux comme les produits chimiques.
– Il est possible d’obtenir des informations et le texte de l’appel de Paris, voire y adhérer, en contactant : ARTAC – Tél : 0033 1 45 78 53 53 – Télécopie : 0033 1 45 78 53 50 – Adresse postale : 57-59 rue de la Convention F-75015 PARIS – Courriel : artac.cerc[at]wanadoo.fr ou sur le site : http://www.artac.info/index.htm
-Les documents relatifs à la Quatrième Conférence ministérielle sur l’environnement et la santé «Un futur pour nos enfants» tenue à Budapest (Hongrie) du 23 au 25 juin 2004 sont disponibles sur le site : http://www.euro.who.int/eprise/main/who/progs/bud/home ou auprès du Bureau régional de l’Europe de l’OMS – 8, Scherfigsvej – DK-2100 Copenhague 0 Danemark – Téléphone : 0045 39 17 17 17 – Télécopie : 0045 39 17 18 18 – courriel : postmaster[at]euro.who.int
Comprendre pour changer : notre empreinte écologique
Le concept d’«empreinte écologique» a vu le jour, introduit par les Dr. W. Rees et Mathis Wackenagel dans leur livre “Our Ecological Footprint” en 1996. Elle correspond à la quantité d’espace (terre et eau) nécessaire pour subvenir aux besoins d’ une population donnée en un lieu donné. Définis en terme de ressources consommées et d’espace nécessaire pour en assimiler les déchets, ceux-ci sont calculés en hectares de surface planétaire. Un modèle mathématique permet de mesurer cet impact pour une personne, une collectivité, un pays. En répondant à une série de questions (consommation énergétique, alimentation, modes de déplacement et habitat), vous l’alimentez et il calcule alors pour vous la surface théorique de la planète mobilisée pour assurer vos besoins. Cela facilite une visualisation de l’impact de nos comportements et consommations sur notre écosystème avec un ciblage sur les postes les plus « voraces » et donc, à « travailler » en priorité. Certes, des associations proposent des pistes de changement, mais l’objectif de l’empreinte écologique se limite à secouer les consciences. Changer de style de vie tout à fait ou sur un secteur clé ou à certains moments appartient à chacun.
L’empreinte écologique permettra alors de calculer les conséquences bénéfiques pour l’environnement.
Pour aller plus loin :
– Le site internet des Amis de la Terre d’Estaimpuis (http://users.skynet.be/amisdelaterre/ ) vous met en lien avec le site http://www.agir21.org d’une association suisse ciblant les jeunes et vous permet ainsi un petit exercice destiné à mesurer votre empreinte écologique. Le résultat vous est livré en équivalents terrains de football, ce qui permet de mieux appréhender les surfaces.
– Les Amis de la Terre français du Val d’Oise ont organisé une réunion d’information et d’échanges le 8 avril 2004 sur le thème de l’empreinte écologique – contact : Corine Lafosse, secrétaire des ATVA au 00 33 (0)6 73213722.
Haies libres : une révolution culturelle !
Maintenir la biodiversité indigène est un des fers de lance de notre association. Depuis des années, nombre de nos actions et publications visent à sensibiliser à l’intérêt écologique d’accorder une place maximale aux plantes indigènes. Ce souci se traduit également par des conseils de mise en place et d’entretien. C’est le cas pour les haies que les Amis de la Terre recommandent «nature» et mélangées.
À savoir ? Plutôt que des rangées monotones et tristes de faux-cyprès taillés en épées, peu estimés de nos insectes et petits mammifères, nous prônons la plantation de plants forestiers des essences régionales : charme, prunellier, aubépine, noisetier, cornouiller et fusain. Disposés en quinconce pour former une barrière à la fois hermétique et esthétique, ces végétaux créent ainsi un cordon efficace aux allures rustiques et un tantinet forestières tout en apportant nourriture et abri à tout un petit peuple d’oiseaux, d’insectes et de mammifères. Le fin du fin : ne pas les tailler drastiquement mais plutôt de les laisser prendre librement leur place. Le port de chaque espèce apporte ainsi sa touche graphique particulière, composant un ensemble protecteur et gracieux. Mieux, ce type de clôture constitue le moyen le plus sûr d’intégrer une habitation et ses abords dans son environnement très souvent rural en Wallonie. Vous avez choisi un terrain dans un village qui vous attirait pour la beauté de ses paysages ? Quel plus bel hommage que de participer au maintien de la qualité paysagère en veillant à intégrer au mieux vos nouvelles plantations ? Votre habitation fera ainsi désormais harmonieusement partie du bâti villageois que vous avez choisi comme lieu de vie.
En réalité, cette situation reste trop rare et il faut constater qu’en dépit des campagnes de sensibilisation poursuivies depuis plusieurs années par la Région wallonne, nombre de localités à caractère rural voient pousser comme des champignons des habitations dont les abords sont majoritairement traités sur le mode urbain : parterres découpés au cordeau, espèces exotiques, matériaux de voirie et de construction uniformisés et sans lien avec les productions locales, pelouses rasées de près, essences rares… La banalisation des villages et des paysages est en route. Pire, il n’est pas rare de voir de nouveaux habitants soudain incommodés par des voisinages qui les avaient autrefois séduits et qu’ils souhaitent désormais intégrer dans leur mode d’habiter. L’un joue de ses relations politiques pour forcer un voisin récalcitrant à tailler sa haie au carré. L’autre porte plainte pour couper un arbre lui portant ombrage. Le troisième sème la rumeur pour diaboliser une famille dont le jardin trop bohème fait désordre. Tout est prétexte et invoqué : sécurité des abords, hygiène, visibilité, risque de chute. Il devient de plus en plus difficile pour les supporters des espèces indigènes et de l’entretien réduit de mener leur propre végétation selon les principes écologiques qu’ils ont adoptés. Et au final, c’est trop souvent l’arrachage radical effectué pour arrêter les frais ou la taille draconienne pour obtempérer !
Côté espaces publics, ce n’est guère mieux. Nulle localité ose vraiment la prairie fleurie ou le bosquet indigène ailleurs que dans un espace peu visible et accessible ou clairement à vocation pédagogique ou botanique. Pas question de border cimetières, terrains de sport ou plaines de jeux de haies exubérantes et pleines de vie. Il serait temps que les autorités communales mandatées pour les questions d’environnement et d’éco-conseil prennent leurs responsabilités et défendent sur le terrain, dans les conflits de voisinage, tout autant qu’auprès des milieux décisionnels, celles et ceux qui tentent vaille que vaille d’appliquer des principes notoirement recommandés tant par les instances régionales que fédérales et européennes. Défendre la nature ne doit pas se limiter à une promotion touristique des fameuses zones «Natura 2000» ! Les espèces indigènes ne peuvent que souffrir et s’appauvrir d’être cantonnées. C’est sur l’ensemble du territoire, de la courette au parc public, en passant par les jardins, bords de sentiers et autres bosquets qu’il importe de défendre et de promouvoir la beauté, la rusticité et la qualité biologique de notre patrimoine végétal et faunistique. Il y va du maintien de la biodiversité de nos régions.
Et s’il faut, pour cela, un changement de mentalité et de vision, nous plaidons pour des campagnes efficaces en faveur de nos plantes indigènes et de leur libre développement ! Monet n’a pas immortalisé de pelouses bien strictes mais plutôt une prairie fleurie d’un fouillis charmant de coquelicots et de graminées. N’y aura-t-il bientôt plus que dans ces tableaux renommés que nous pourrons apprécier les plantes indigènes ?
Légendes :
- Une haie mélangée, barrière efficace dont l’exubérance convient au caractère rural de nos beaux villages et à la faune qui y trouve refuge.
- Monotone par la forme et la couleur, ce « muret » de conifères exige des entretiens minutieux.
- La haie du jardin voisin a été supprimée. Résultat : cette barrière de résineux est irrémédiablement dégarnie sur tout un côté.
- Entretenue mais libre, un peu fofolle, pleine de charme et propice aux amoureux…
- Taillée et rabattue, triste et sévère, décourageant les jeux, les bisous et les oiseaux…
L’eau des robinets bruxellois est bonne ! Jusque quand ?
Le 18 mai dernier, les «Mardis de la Senne» organisés conjointement par Inter-Environnement Bruxelles et Escaut Sans Frontières posaient une question dérangeante : «L’eau du robinet est-elle potable ?».
Le CRIOC, Inter-Environnement Wallonie et Belgaqua étaient invités à répondre.
Muriel Piazza (CRIOC) exposa les résultats d’une enquête menée auprès des consommateurs qui illustrait de manière parfois étonnante les attitudes différentes de ceux-ci envers l’eau de distribution et les eaux en bouteilles. Ainsi, les récents scandales liés à la production des minéraliers (présence de benzène, eau de ville commercialisée à grands prix, etc), loin de détourner la clientèle, la rassuraient en fait : ils prouvaient l’efficacité des contrôles et démontraient la rapidité des réactions. Nous vous renvoyons aux publications du CRIOC pour en savoir plus sur cet aspect.
Christian Legros, Directeur de Belgaqua (Fédération belge du Secteur de l’eau) expliqua comment les sociétés distributrices s’approvisionnent en eau dans les nappes souterraines, l’acheminent, la contrôlent (sur tout son parcours, son stockage et sa distribution) et la traitent de manière à fournir une eau de qualité potable, c’est à dire respectant les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Il évoqua les traitements pratiqués : désinfection par l’ozone, filtration sur charbon actif, chloration, filtrations successives sur membranes très fines et reconnut toutefois que «le meilleur d’entre eux reste la filtration des eaux au travers du sous-sol». L’application de la directive «eau» européenne, transcrite dans la réglementation régionale bruxelloise par l’Arrêté du 24 janvier 2004, fut ensuite évoquée. Problème de taille pour les distributeurs : la qualité sanitaire de l’eau devra désormais être assurée non plus à l’entrée des habitations (au compteur) mais au point de distribution (au robinet). Cela implique d’envisager l’amélioration du réseau déjà entamée (remplacement des anciennes conduites en plomb, réparation des fuites, ..) en y incluant les conduites intérieures. Cela implique également l’organisation de contrôle des installations effectuées par les particuliers. Sans doute aboutirons-nous à un système équivalent au contrôle des installations électriques (certification du matériel, société chargée des inspections). Ce n’est pas pour tout de suite et demandera d’énormes moyens supplémentaires.
Frédéric Soete, chargé de mission «eau» d’IEW, remit tout le monde à l’heure environnementale en mettant l’accent sur la « santé » des captages. Si on laisse faire la nature, l’eau des nappes phréatiques est de bonne qualité. C’est par leurs activités que les humains perturbent la qualité de l’eau. Pour preuve, la présence inquiétante et «hors normes» de traces de pesticides dans près d’un quart des captages wallons. En protégeant les zones où se concentre souterrainement l’eau après sa traversée des couches terrestres, nous gagnons sur plusieurs tableaux : meilleure qualité de l’eau, diminution des coûts de traitement, préservation de la qualité environnementale. Seulement voilà, il faudrait pratiquement mettre toute la Wallonie (qui fournit le principal de l’eau de distribution belge) en zone de protection, obligeant habitants et entreprises à des comportements ad hoc pas vraiment encouragés ou à la mode. Dès lors, IEW constate avec regret que les distributeurs se tournent davantage vers les technologies de plus en plus sophistiquées de filtration et de traitement. Conséquences: ces méthodes coûteuses sont réservées aux «gros» captages, rendant obsolètes de petits captages peu «rentables», les laissant dès lors se dégrader et diminuant ainsi les réserves accessibles. Jusqu’où ira cette logique ? Jusqu’à épurer des eaux de surface ou de barrage ? Il y a là dès lors des choix politiques à poser.
Intervenant dans le débat, Catherine Wattiez du Pesticides Action Network (PAN) attira l’attention de l’assemblée sur la complexité de la pollution de l’eau par les pesticides et la difficulté des distributeurs à contrer l’ingéniosité des entreprises chimiques qui les fabriquent, tout autant qu’à mesurer les effets combinés de ces substances entre elles et avec d’autres composants admis dans l’eau de ville comme – même à très faible dose – les nitrates. Elle mit aussi l’accent sur la nécessaire prévention de la pollution de l’eau à privilégier aux traitements coûteux et peu efficaces.