Quand la destruction des forêts est évoquée, nous pensons quasi instantanément à l’écocide de la forêt amazonienne. Parfois, les images des forêts de Sumatra, Bornéo et autres régions du sud-est asiatique nous viennent aussi à l’esprit. Mais bien rares sans doute sont ceux qui pensent à la Colombie Britannique, province du Canada depuis 1871.
Sans doute est-ce que le Canada et les États-Unis sont plus regardants sur ce que racontent les médias ou que les médias sont plus auto-censurants car il y va de l’image de leurs pays qu’ils veulent belle à n’importe quel prix, celui du mensonge y compris.
Car, ne nous y trompons pas, ces deux pays ont sans doute rasé au cours des trois derniers siècles des forêts dont la superficie dépasse celle de l’Amazonie. Les forêts qui couvrent encore quelques États des USA ne sont que de jeunes forêts. Les forêts de hêtres du « Garden State » (« Etat Jardin », surnom de l’État du New Jersey) en sont une des plus « belles » preuves : une forêt quasi équienne1 et quasi monoculturale.
Si le sujet de la déforestation vous intéresse, je vous invite à vous plonger dans le livre L’arbre d’Or de John Vaillant. Il nous fait découvrir la Colombie Britannique, son climat, son relief, ses forêts, ses cultures indigènes, son histoire au travers de la déforestation forcenée commencée il y a un peu plus de deux siècles. Il nous fait prendre part à la mise en place d’un tableau aux « couleurs » étonnantes. Touche de pinceau par touche de pinceau, le livre nous plonge dans l’univers des bûcherons, de leur énergie, leur folie, la folie des entreprises et de tous ceux que les arbres de cette région intéressent : pour le papier, les constructions, le mobilier, les œuvres d’art aussi sans doute. Nous faisons partie de la chaîne et tous les maillons sont bien huilés, car comment imaginer une telle folie qui ne concernerait que les bûcherons ?
Au milieu des arbres, un arbre tout à fait particulier : ses épines extérieures sont dorées et il est devenu, malgré son jeune âge (trois siècles), un arbre sacré pour les Haïdas, le peuple de l’île Reine- Charlotte (bizarre, non, que l’île occupée depuis des millénaires par les Haïdas s’appelle « Reine Charlotte », le sceau des envahisseurs…!). Au milieu des bûcherons, un homme, bûcheron lui aussi avant tout, dont la conscience s’éveille et qui est révolté par ce qu’il voit, ce qu’il vit, ce dans quoi il a trempé depuis sa prime jeunesse. Alors… Mais je vous laisse découvrir comment les uns et les autres se positionneront face à l’acte que commettra cet homme dans l’espoir d’ouvrir les autres consciences.
Un tableau formidable de l’Homme, de ses aspirations, ses lâchetés, ses compromissions, des illusions qu’il construit pour asseoir ses croyances, pour les défendre. Et les moteurs de tout cela ? Il me semble que ce sont l’argent, la cupidité, la peur de manquer, le plaisir du pouvoir et de la puissance. Vous en trouverez sans doute bien d’autres dans ce portrait qui nous concerne tous.
PS : Si quelques uns qui auraient ou auront lu le livre auraient l’envie de partager leurs émotions, impressions, regards, etc., je serai partant pour organiser une soirée autour de ce thème : lieu, date et heure à définir (contactez-nous pour obtenir le contact de Philippe).
VAILLANT John, « L’arbre d’Or : vie et mort d’un géant canadien », éd. Noir sur blanc, 2014.