SaluTerre 90

SALON 2005 : continuité et nouveautés au rendez-vous Aboutissement de semaines d'efforts pour certains de nos permanents et militants bénévoles, notre salon de l'Eau et de l'Ecologie à la Maison 2005 vient de se terminer. Le week-end du 23 et 24 avril 2005 a vu, pour la 4e fois, quelques dizaines de stands poussés comme des champignons d'avant saison au Palais des Expositions de Namur ; équipements, actions et réflexions positives pour l'environnement ont été présentés sans relâche à un public toujours aussi attentif, critique et intéressé.

À côté de nos stands maintenant devenus des classiques comme celui illustrant la récupération et le traitement de l’eau de pluie ou celui consacré à la gestion durable de nos déchets naturels grâce à la toilette à litière biomaîtrisée, nos maîtres de l’eau, comme Joseph, Jean et Frédéric, ont pu démontrer via leur conférence tout l’intérêt pour nous et pour la Terre de mener une vraie gestion domestique globale de l’eau. Une table ronde politique organisée par « Entraide et Fraternité » et par « Justice et Paix » a rassemblé notre ministre wallon de l’eau, Benoît Lutgen, Paul Lannoye (député européen honoraire) et divers représentants d’organismes et d’associations belges actives sur cette thématique. Quelques belles analyses et présentations, quelques ouvertures intéressantes mais le principe du pollueur-payeur, fondement de toute la réflexion des Amis de la Terre sur l’Eau, provoquent toujours beaucoup de scepticisme auprès des responsables ; les stations d’épuration et les égouts ont encore de beaux jours devant eux en Wallonie !

Pour notre deuxième thème fort du salon, la Nature au jardin, d’abord de la continuité avec une superbe mare accueillant les visiteurs dans le nouvel espace vitré du palais et nos 2 guides nature « infatigables », Marcel et Raymond, sautant de la mare à leur tente pour une succession de présentations. Mais aussi une nouveauté avec le stand « Insectes au jardin » rassemblant divers montages plus ou moins simples d’éléments naturels destinés à accueillir nos amis les insectes. Dans le stand, une superbe affiche marquait le lancement de notre campagne « Insectes au jardin » qui proposera différentes activités et publications spécifiques tout au long des prochains mois.

Sur le front de la continuité, le stand « Croque Nature » qui avait, cette année, particulièrement fière allure et dans lequel trônait une marmite norvégienne. Celle-ci renfermait une potion presque magique faite d’orties et de beaucoup de savoir-faire liégeois qui a séduit, durant les 2 jours, un nombre important de gastronomes ! Continuité aussi pour le stand NégaWatts où les économies d’énergie domestique de tout type étaient expliquées par nos spécialistes sans jamais oublier de faire comprendre les défis importants qui se présentent aujourd’hui à nos sociétés des MégaWatts. Nouveauté enfin pour le petit dernier de nos stands qui avec quelques posters et affiches proposait au public d’entamer une réflexion globale sur les conséquences environnementales et sociales de nos politiques actuelles visant la croissance économique à tout prix. Les alternatives collectives comme la décroissance économique soutenable et individuelles comme la simplicité volontaire ont été largement présentées et discutées avec jeunes et moins jeunes visiteurs.

Et enfin, gardons pour la fin, une nouveauté avec la soirée festive du samedi soir animée par un équipage d’eau douce Cré Tonnerre qui a chanté la mer, l’amour et la Nature et fait tanguer public et militant(e)s jusque tard dans la soirée.

Ezio Gandin

(Des photos du Salon sont rassemblées dans cet album )

Des Déchets nucléaires à Fleurus-Farciennes ?

La question de la gestion des déchets nucléaires n’a toujours pas été solutionnée malgré plus de 50 ans de recherche. Aucune solution technique satisfaisante n’a été développée pour diminuer leur toxicité et réduire leur durée de vie ; le stockage est et restera probablement la seule solution ! Avant d’adhérer en 1984 au moratoire international sur la prévention de la pollution des mers, la Belgique comme beaucoup d’autres pays rejetait certains de ses déchets radioactifs en mers. Depuis 1985, l’organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies (ONDRAF) a recherché des solutions pour le stockage de ces déchets en sous-sol. Les divers sites envisagés ont le plus souvent rencontré une opposition très ferme des habitants lors de consultations populaires. Dès lors, le gouvernement fédéral face à ces difficultés a décidé en 1998 de cibler les communes et sites déjà concernés par la gestion et la manipulation de matières nucléaires. L’IRE, Institut National des Radioéléments, localisé sur les communes de Fleurus et de Farciennes, est donc un site possible de stockage. L’IRE est le 2ème producteur mondial de radio-isotopes à usage médical et est l’un des pionniers dans la conception, l’installation et la gestion de systèmes de surveillance radiologique de l’environnement. Pour l’instant, l’IRE trie les déchets qu’il produit et les compacte avant de les envoyer à Belgoprocess où ils sont conditionnés.

Le projet d’implantation d’un dépôt de stockage de déchets faiblement radioactifs à Fleurus est à l’étude depuis 2002. L’étude est à présent dans sa phase finale tout comme les deux autres projets de dépôt de déchets nucléaires dans les communes de Beveren et de Huy. Au final, un seul site sera retenu en vue de stocker nos déchets nucléaires. Dès lors, les semaines à venir seront cruciales quant à l’avenir du stockage de ces déchets en Belgique.

Après avoir analysé le projet, le député fédéral Jean-Marc Nollet arrive à la conclusion que le projet d’accueillir un dépôt de déchet faiblement radioactif sur le site de l’IRE de Fleurus présente de nombreuses lacunes. Son premier argument est que la zone désignée est à proximité du milieu de vie de nombreuses familles. Outre cette proximité entre déchets nucléaires et habitats, les travaux de construction des silos causeront de nombreux problèmes de pollutions directes ou indirectes et cela pendant une très longue période : la construction du dernier silo est prévue pour 2032 !

De plus, cette zone est densément peuplée avec ces 555 habitants par km² (ha/km²) à Fleurus et 1.058 ha/km² à Farciennes alors que la moyenne en Belgique est de 325 ha/km². En outre, le site est au croisement de trois concessions de charbonnages. L’existence en profondeur de ces galeries pourrait provoquer des effondrements en surface. Les silos renfermant les déchets nucléaires seraient également enterrés au niveau de la nappe aquifère. En cas d’accident, l’eau serait la source de propagation la plus importante. Enfin, le site n’offrirait pas la garantie suffisante par rapport aux risques sismiques et les parois des silos seraient particulièrement sensibles aux séismes.

Malgré ces éléments négatifs, l’IRE et l’ONDRAF se mobilisent pour que le dossier aboutisse afin de le présenter au Gouvernement fédéral qui devra décider, sur base des résultats de ces études et de facteurs politiques, de l’avenir des déchets nucléaires en Belgique. Affaire à suivre de près…

Simplicité Volontaire : du concept à la pratique, un vrai engouement dans notre régionale Est !

Le SaluTerre n° 88 a présenté les bases de la Simplicité Volontaire SV et bien montré que les « petites » et les « grandes » actions des Amis de la Terre s’intègrent parfaitement dans ce concept. « Consommer moins pour préserver notre Terre », « Consommer moins pour permettre à d’autres de mieux vivre », « Consommer moins pour mieux vivre soi-même » sont des slogans qui résument bien 3 des motivations importantes des adeptes de la SV. Un certain nombre des actes que nous posons quotidiennement en tant qu’Ami(e)s de la Terre s’inscrivent probablement très bien dans ces slogans.

Choisir la SV comme fil conducteur de sa vie, de tous ses choix est, par contre, chose beaucoup moins simple. La pression familiale, parfois, et la pression sociale, toujours, avec la publicité agressive et permanente comme fer de lance rendent ce choix très difficile à porter et on a très vite l’impression d’être un(e) extra-terrestre. Pour éviter cet isolement et à l’image de ce que nos amis Québécois ont développé depuis quelques années, nous avons proposé aux membres des Amis de la Terre de la régionale Est de créer des groupes de pratique de SV. L’objectif principal de ces groupes est d’aider chaque membre à progresser sur le chemin de la SV en modifiant concrètement son mode de vie afin de vivre mieux, plus simplement.

Le retour a très largement dépassé nos espérances et actuellement plus de 50 personnes (femmes et hommes sont à peu près également représentés) ont répondu à l’appel lancé ! Après une première réunion d’information et de présentation du projet, en début avril à Herve, qui a rassemblé plus de 40 personnes, le premier groupe de pratique de la SV a été mis en place et s’est réuni pour la première fois ce lundi 16 mai ; cette réunion de pratique de la SV a été probablement la première dans notre région et peut-être même en Belgique. Ce groupe qui compte une dizaine de membres habitant à proximité de Herve est le premier d’une série d’autres qui devraient voir le jour à partir des mois de septembre-octobre aux quatre coins de notre régionale : les régions de Visé, Huy, Verviers et Sprimont seront probablement les premières concernées.

Le récent salon de l’Eau et de l’Ecologie à la maison nous a permis, pour la première fois, de présenter un petit stand sur la SV et la décroissance économique soutenable. L’intérêt montré par les visiteurs de toute notre région wallonne pour ces groupes de pratique de la SV est très encourageant et nous incite à étendre cette initiative à nos deux autres régionales ; un appel est lancé colporteur de simplicité volontaire.

Si vous êtes intéressé(e), contacter directement nos bureaux à Dave.

La Wallonie, productrice de biocarburant… et destructrice de ses terres ?

Une directive européenne impose à la Belgique comme aux autres pays de la CE de couvrir en 2010 au moins 5,7% de leur consommation de carburant avec du biocarburant. La Belgique s’est engagée à mettre 2% de biocarburant sur le marché dès 2005. En raison de leur coût plus élevé, l’arrivée des biocarburants sur le marché doit passer par une politique fiscale adaptée pour les rendre financièrement compétitifs. C’est pourquoi le gouvernement fédéral a finalisé un accord sur l’introduction des biocarburants sur le marché belge. Didier Reynders, a présenté un projet de texte de loi qui doit permettre la défiscalisation des biocarburants. Il reste tout de même à savoir qui va fournir ce biocarburant. En effet, aucune unité de production belge ne sera capable de fournir les 2% de biocarburants sur le marché en 2005. Actuellement, deux projets sont à l’étude : un à Gand et l’autre à Wanze. En ce qui concerne le projet de Wanze, l’usine de production serait implantée sur le site de la sucrerie Tirlemontoise. À terme, l’objectif est de produire 300 millions de litres d’éthanol en exploitant annuellement un million de tonnes de betteraves et de céréales cultivées par les agriculteurs belges. Mais vu la taille du marché belge, une seule de ces deux usines devrait voir le jour. Pour rappel, les biocarburants doivent permettre de diminuer les émissions de CO2 et retrouver une certaine indépendance énergétique. Hélas, comme nous l’avons déjà signalé, cette nouvelle production agricole exigera une agriculture intensive avec son cortège d’engrais et de pesticides chimiques. Une nouvelle destruction assurée à plus ou moins court terme de l’humus de nos terres.

Quelles terres pourront encore nous nourrir, dans quelques années, lorsque l’augmentation du prix du pétrole et du gaz rendra l’agriculture intensive hors de prix ? La mauvaise qualité de nos terres déstructurées par ce gavage chimique, pendant des années, nous mettra tous à la diète forcée. Ceci pourrait après tout s’avérer une bonne solution pour réduire la progression importante, actuellement constatée, des maladies du « trop » et du « mal » manger !

Lisier de porc : la Wallonie toujours une terre d’accueil !

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Dans le SaluTerre de février-mars 2002 nous vous parlions des lisiers importés sur le sol wallon et plus précisément de la firme flamande Orgacom et de son produit « Fertifior ». Ce produit est un mélange de lisier qui subit plusieurs opérations d’homogénéisation. Suite à cette homogénéisation, le Ministère wallon de l’Environnement avait refusé d’octroyer une dérogation à l’importation de ce déchet. Depuis, la Firme Orgacom a été appelée devant le tribunal correctionnel de Charleroi qui a reconnu le « Fortifior » comme une matière première secondaire et non plus un déchet. De plus, le règlement du parlement européen CE n° 1774/2002 autorise dorénavant l’exportation de lisiers transformés. Il n’en reste pas moins vrai que ces produits, issus d’élevages industriels intensifs sont néfastes sur le plan de la santé, de l’environnement ainsi que par les coûts qu’ils imposent directement et à long terme à la société. Le retour en Wallonie à des pratiques d’élevage plus durable et au respect des animaux n’est visiblement pas encore pour demain !