Voici quelques recommandations qui vous éviteront bien des déboires :
1) Où acheter mes premiers ardennais ?
Visiter un élevage d’ardennais roux existant. Des Amis de la Terre, éleveurs d’ardennais se feront un plaisir de vous faire partager leur expérience et leur enthousiasme. Rappelez-vous qu’un mouton, ardennais ou non, est un animal grégaire qui a besoin d’au moins un congénère. Enfin, n’achetez jamais de mouton à un marchand, mais passez par un éleveur.
2) Combien de moutons pour mon terrain ?
Comptez une « charge » de +/- 10 brebis à l’ha (1 brebis /+/-1.000m2). On entend par une brebis une femelle destinée à être suivie d’1 ou 2 jeunes au printemps et en été. Dans ce calcul, il ne faut ni compter les agneaux à naître ni le mâle. Le nombre d’animaux peut être plus élevé si on ne récolte pas son propre foin pour la période hivernale dans le parcours moutons et/ou si on dispose d’une prairie riche (style plateau de Herve). Par contre, si on ne dispose que d’un terrain spécialement pauvre (style Fagnes ou fonds de bois), le nombre sera revu à la baisse. Notons au passage que ce type de milieu convient très bien à cette race de mouton très peu exigeante.
3) Comment alimenter mes animaux ?
Nourrissez-les essentiellement à l’herbe (même avec orties et chardons). L’hiver, du foin viendra compléter le pâturage. Il n’est pas nécessaire de « complémenter » la ration avec des floconnés ou granulés. Leur usage peut cependant s’avérer utile pour un peu « gâter » une mère qui aurait des jeunes avant la pousse de l’herbe au printemps ou pour rendre vos animaux plus familiers.
4) Faut-il une bergerie ?
L’ardennais est très rustique : un simple abri suffit et une « belle » bergerie n’est pas nécessaire. Le minimum indispensable est un endroit sec et à l’abri du vent où vos animaux pourront s’abriter des intempéries, particulièrement en hiver et au moment des mises-bas.
5) Quels soins apporter ? (voir aussi le document sur le parasitisme ovin)
Vermifuge :
Les moutons, tout comme les autres herbivores, se contaminent en verminoses via la pâture. Le fait que les prairies soient souvent utilisées plusieurs années de suite pour faire paître les mêmes animaux accentue le phénomène. L’idéal serait d’alterner vaches, moutons, chevaux, …, et laisser un temps de repos (supérieur à 40 jours, ce qui correspond à la durée d’un cycle chez la plupart des parasites), mais cela reste difficile dans la pratique. Aussi, il faudra recourir à l’usage de vermifuges, même s’il faut aussi éviter d’en abuser. Idéalement, on vermifuge au minimum une fois l’année, au printemps, au moment de la tonte. Tant que faire ce peut, on change de molécule chaque année pour éviter une résistance des parasites à éliminer. Il est parfois nécessaire de vermifuger en cours de saison si des symptômes comme des diarrhées apparaissent, surtout chez les agneaux.
On peut résumer les principes d’un bon suivi vermifuge comme suit :
- traiter tous les animaux d’un même lot en même temps pour éviter les recontaminations
- traiter les brebis avant la mise bas pour éviter le « peri-parturient-rise » (baisse de l’immunité qui permet une flambée parasitiaire dans les semaines qui suivent le part)
- traiter et isoler pendant au moins 24h tout nouvel animal introduit dans un lot
- ne jamais sous doser, se baser sur le poids de l’animal le plus lourd du lot pour calculer la dose à administrer
- bien nettoyer l’abri une fois par an… eau chaude additionnée d’ammoniaque à 5-10 % en ce qui concerne la coccidiose.
N’hésitez pas à vous regrouper avec d’autres petits éleveurs pour éviter de dépasser les dates de péremptions des produits vétérinaires qui peuvent coûter chers mais que l’on peut très bien administrer soi-même.
Pour information, certains vermifuges sont à base d’Ivermectine, une molécule qui détruit les bousiers et autres insectes dont se nourrissent les chauves-souris et qui est très rémanente dans le sol. On évitera donc autant que possible ces produits nocifs pour l’environnement.
Tonte :
La laine de vos animaux doit être tondue annuellement. Classiquement, le travail a lieu fin avril, début mai. Renseignez-vous auprès des éleveurs de votre coin pour contacter un tondeur, métier non-officiel que pratiquent encore quelques motivés.
Les ongles :
On taille les ongles au minimum une fois l’année. Si vous ne vous sentez pas apte à le faire vous-même, profitez du passage du tondeur qui s’en chargera.
6) La loi et les déclarations officielles :
Le mouton fait partie intégrante de la chaîne alimentaire. Une fois constitué, votre élevage, si petit soit-il, doit être renseigné à l’ARSIA (agence régionale de santé et d’identification animale) et à l’AFSCA (agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire). Tout mouton de plus de 6 mois (ou dès qu’il quitte l’élevage où il est né) doit être « bouclé » (boucle d’oreille reprenant un n° et un code barre qui es l’équivalent de la carte d’identité et qui devra suivre le mouton toute sa vie). C’est à l’ARSIA que vous pourrez commander vos boucles et la pince nécessaire pour les placer : http://www.arsia.be
Sachez seulement que vous aurez les mêmes frais de cotisation à ces agences de bureaucrates, grâce auxquelles nous mangeons sainement bien sûr, pour un mouton ou pour une centaine ! Le système n’est pas mis en place pour les petits, merci l’agro-capitalisme 😉
En résumé, les conseils donnés pour les ardennais roux, c’est un peu comme pour nous :
- manger bio
- pas besoin d’habiter une grosse villa
- les médicaments sont bien sûr utiles mais il ne faut pas en abuser, qu’ils soient antibiotiques ou vermifuges
- la carte d’identité est indispensable
7) Abattage (voir aussi le document sur l’abattage usage privé)
La finalité de l’élevage reste la casserole. Et vu les qualités gustatives et alimentaires des ardennais élevés dans un élevage familial dans les conditions extensives que nous prônons, il serait idiot de s’en priver. Aucun rayon de boucherie ne pourra vous servir une viande d’une telle qualité.
Les jeunes de l’année sont consommés comme agneaux et chaque morceau peut-être accommodé au choix selon les goûts. Par contre, il vaut mieux transformer les animaux adultes en merguez car la viande devient plus forte et coriace avec l’âge.
Pour les modalités légales de l’abattage, se référer au document annexe : « abattage usage privé ». Notons que dans certaines circonstances la loi permet que l’on égorge les animaux sans étourdissement. Cette méthode barbare nous semble peu respectueuse des bêtes que l’on aura élevées et qui méritent un minimum de respect.
8) Éleveurs Amis de la Terre pour vous aider (par ordre d’importance de troupeau)
- Pierre-Yves Delhez – Rue froidbermont, 53 – 4877 Olne – Tél : 0476/42 21 28 – pyd[at]outlook.be
- Didier Brick – Rue Mitoyenne, 12 – 4630 Ayeneux – brickdidier[at]gmail.com
9) Devenir membre d’une association ?
Si vous souhaitez participer au schéma de sélection de la race et inscrire vos animaux au livre généalogique ou encore obtenir la liste des éleveurs reconnus en Wallonie :
- L’Association Wallonne des Eleveurs d’Ovins et de Caprins (AWEOC)
Siège social : rue des Champs Elysées, 4 à 5590 CINEY
Secrétariat administratif : Rue de la Clef, 41 à 4650 HERVE – Tél. : 087/56.14.90 – www.aweoc.be
Les éleveurs sont aussi regroupés dans une fédération interprofessionnelle :
- Fédération Interprofessionnelle Caprine et Ovine Wallonne (FICOW)
Siège : Chaussée de Namur, 47 à 5030 GEMBLOUX
Tél. : 081/62.74.47 – Courriel : ficow[at]ficow.be – www.ficow.be
Pour en savoir plus
Retrouvez plus d’informations dans notre article « Le mouton ardennais roux : une race locale réputée depuis plusieurs siècles »